Les quatre trésors du lettré ——La pierre à encre

2012-08-29

Dans la Chine antique, les quatre pièces composantes de la calligraphie, parfois dénommées «les quatre trésors du lettré» (dans ce contexte, «l’étude» signifie la salle de travail d’un savant ou d'un artiste, ou une bibliothèque) font référence non pas aux aspects stylistiques de l'application de l’encre sur le papier, (c'est à dire l'art de la calligraphie), mais plutôt, à ce que l’on pourrait appeler les «outils de travail» du calligraphe : le bâton d'encre, la pierre à encre, le pinceau et le papier.

Tout au long de la période de la Chine antique, les érudits utilisent ces quatre « outils », avant que l'art de la calligraphie ne se tourne vers l'intérieur, devenant narcissiquement épris de lui-même, à savoir, épris des aspects stylistiques de l'application de l'encre sur le papier, créant ainsi ce qui est appelé la calligraphie. Un bref historique de chacun des «outils» qui composent la calligraphie de la Chine antique est présenté ci-dessous.

La pierre à encre

Considérée par les anciens érudits chinois pour être le plus important des quatre «outils» de la calligraphie, la pierre à encre constituait la clé pour produire le type d'encre désiré. Une pierre à encre de qualité était particulièrement convoitée. La pierre à encre possède une surface rugueuse (avec différents degrés de rugosité) pour moudre le bâton d'encre en poudre ainsi qu’un petit récipient (ou encrier), dans lequel la poudre est mélangée à l'eau créant, ainsi, l'encre liquide. Seules de petites quantités d'encre pouvaient être produites à chaque fois car celle-ci s’évaporait assez rapidement.

La pierre à encre se fabriquait à partir d’une grande variété de matériaux : céramique, brique, métal, laque, porcelaine et, la plus commune, la pierre naturelle. En effet, partout en Chine, aussi bien sur les montagnes que le long des rivières, se trouvait une variété infinie de ces pierres naturelles. Comme la demande pour les pierres d'encre s’étendit à l’ensemble du pays (bien que peut-être plus nettement dans certaines régions que d'autres), les pierres d'encre furent produites localement dans toute la Chine.

Ainsi, chaque province pouvait se vanter d’avoir sa propre spécialité dans le domaine. Nous ne citerons que les plus réputées, «la pierre à encre Duan de la ville de Zhaoqing de la province du Guangdong», «la pierre à encre Xi de la province d’Anhui», «la pierre à encre Lu de la province de Shandong», «la pierre à encre Longwei de la province du Jiangxi» ou encore «la pierre à encre Chengni de la province du Shanxi».

Une pierre potentiellement apte à devenir une pierre à encre devait posséder certaines qualités: une taille adéquate (ni trop petite ni trop encombrante), une composition, une couleur et une forme particulières (par exemple, semi-transparente). Elle devait enfin provenir d'un matériau non poreux, pour ne pas absorber les liquides. Cette dernière caractéristique était importante pour deux raisons : si, bien sûr, la pierre ne devait pas absorber l'encre, elle ne devait pas, non plus, avoir besoin d'être nettoyée régulièrement (habituellement dans un mélange d'eau tiède avec des feuilles de thé ou de lotus, jamais dans de l'eau chaude ou froide qui pouvait casser la pierre). Sur les pierres choisies taillées et façonnées, s’ajoutaient habituellement des motifs décoratifs représentant, souvent, des mini- paysages. Parfois, l'encrier lui-même s’identifiait à un étang entouré d'un jardin, comme celui d’un érudit chinois.

Les meilleures pierres d'encre rescapées de l'apogée de la production des pierres à encre en Chine demeurent, aujourd'hui, des objets de collection achetés par des connaisseurs du monde entier. Parmi ces objets de valeur, on trouve, notamment, les pièces les plus artistiquement décorées mais aussi celles qui possèdent un «pedigree», (c'est à dire connues pour avoir été utilisées par un auteur, un calligraphe ou un peintre célèbre bien que la plupart de soit exposée dans les musées dédiés à ces artistes). Cependant, durant sa propre apogée, la pierre à encre était considérée non seulement comme un article d'artisanat (ou un « outil »), mais aussi comme un talisman ou un porte-bonheur, quelque chose de très beau. Sans nul doute, l’aspect de l’attachement personnel à cet objet le rendait très particulier et l’élevait au rang suprême parmi les quatre « outils » de la calligraphie de la Chine antique.

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