A la découverte de la tabatière chinoise

2012-07-11

La création des tabatières de Chine est liée au développement de la consommation de tabac, en relation avec l'arrivée au pouvoir des conquérants Mandchous, de la dynastie Qing (1644).

utilisée sous la forme de poudre à prisér comme en Europe, le tabac nécessite une conservation parfaite dans des réceptables destinés à l'isoler de l'humidité du climat chinois, tout en étant facilement transportable.

Si la forme de la tabatière dérive de fioles à médicaments traditionnelles, elle s’en distingue immédiatement par un plus grand raffinement, une qualité plus grande dans le choix des matériaux et une plus grande technicité de fabrication. En effet, la prise demeure initialement un plaisir destiné à l’élite. Indépendamment de l’empereur et de la cour, des hauts fonctionnaires, militaires et lettrés s’y adonnaient.

Priser correspond à un statut social et la tabatière, certes objet fonctionnel, doit aussi être représentative de la personne qui la possède ou l’utilise. En d’autres termes, c'est un objet d’art auquel toutes les principales techniques décoratives seront appliquées durant plus de deux siècles.

Tabatière en verre

Les règnes de l’empereur Kangxi (1662-1722) et de Yongzheng(1723-1735) voient la genèse de la tabatière dont les premiers exemples sortiront des ateliers impériaux de Pékin. Ces flacons en verre coloré, en émail sur cuivre ou en jade, sont aujourd’hui rarissimes.

Qianlong monte sur le trône en 1736 et va régner durant soixante ans. Cette période sera l’apogée artistique de la fabrication de tabatières. Une prodigieuse diversité de matières stimule alors artistes et artisans, créateurs toujours anonymes.

Ils utilisent le verre, l’émail, la néphrite ou la jadéite, puis l’agate, le lapis-lazuli, les cristaux de roche, le cloisonné, les pierres diverses, la porcelaine et les matières d’origine animale ou végétale (ivoire, corail, ambre, nacre ou laque... ).

Traditionnellement offert comme cadeau impérial, la tabatière fait l’objet d’une importante production dans les ateliers de Pékin, alors que des centres de fabrication privés oeuvrent pour des classes sociales spécifiques, notamment les érudits et lettrés.

Certains de ces ateliers ancestraux seront à l’origine de véritables chefs-d’oeuvre. Les tabatières dites de l’école de Suzhou, du nom de cette ville chinoise célèbre pour ses créations en jade et en agate, s’imposent aujourd’hui comme les plus recherchées. Tout d’abord pour leur exceptionnelle qualité d'exécution mais surtout pour l’ingéniosité du créateur, qui tire parti de la pierre, de ses inclusions transparentes ou colorées, dans le but de faire apparaître un décor tourbillonnant, plein de relief, où finalement la main de l’artiste s’efface pour laisser place à la magie de la matière.

Au cours du XIXe siècle, la production impériale s’essouffle faute de réel mécénat, mais s’accompagne d’une démocratisation de la prise qui provoque dans tout l’empire un véritable engouement pour la tabatière, déjà devenue objet de collection. Si la qualité s’en ressent parfois, la créativité persiste et ce jusqu’au début du XXe siècle.Le déclin de la tabatière coïncide avec celui de la dynastie Qing et son dernier empereur Puyi.

Longtemps resté confidentiel (les premiers ouvrages sur le sujet datent des années 1960), le domaine de la tabatière chinoise se révèle aujourd’hui comme une synthèse de toute la richesse artistique déployée en Chine de la fin du XVIIe au début du XXe siècle.

Les grands amateurs européens d’art chinois, ayant constitué leurs collections à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, avaient déjà pressenti l'intérêt de ces objets et les tabatières sont rarement absentes de leurs collections. Nous les retrouvons par exemple au musée Guimet (Collection Emile Guimet et Ernest Grandidier), à la fondation Baur, au Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles, (collection Edmond Michotte), ou au Victoria & Albert Museum (Collection Salting).

Enfin, les tabatières furent parfois l’objet d’étonnantes reconversions opérées par des artisans ou joailliers prestigieux. Elles se transformèrent en briquets, flacons à parfum, ou boîtes à message, signées par lesmaisons Fabergé, Cartier ou Maquet.

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