Vous pensiez avoir fait le tour de la Cit\\u00e9 interdite ? D\\u00e9trompez-vous : ce palais imp\\u00e9rial renferme des espaces d\\u00e9rob\\u00e9s \\u00e0 la vue. Notamment, la section conservant des tr\\u00e9sors du bouddhisme tib\\u00e9tain, que nos journalistes vont vous pr\\u00e9senter\\u2026<\\/p>
ZHANG XUE et LI YUAN, membres de la r\\u00e9daction<\\/p>
La Cit\\u00e9 interdite, palais o\\u00f9 r\\u00e9sidait l'empereur sous les dynasties des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911), incarne l'excellence de l'architecture imp\\u00e9riale chinoise. Elle figure aussi parmi les complexes d'anciens b\\u00e2timents avec une structure en bois les plus vastes et les mieux conserv\\u00e9s du monde. Chaque jour, les touristes, chinois comme \\u00e9trangers, affluent en ce lieu. Pourtant, aujourd'hui, certaines sections ne sont pas encore ouvertes au public et conservent ainsi leur part de myst\\u00e8re.<\\/p>
Le myst\\u00e9rieux pavillon Yuhua<\\/p>
Dans le coin nord-ouest de la Cit\\u00e9 interdite, se trouve une section unique enti\\u00e8rement compos\\u00e9e de temples bouddhistes. Une dizaine de salles destin\\u00e9es \\u00e0 la pratique religieuse, avec la salle Zhongzheng au milieu, se succ\\u00e8dent du nord au sud et restent ferm\\u00e9es aux visiteurs, dont le pavillon Yuhua et la salle Baohua.<\\/p>
Au cours de sa 14e ann\\u00e9e de r\\u00e8gne (1749), l'empereur Qianlong (1736-1795) de la dynastie des Qing suivit la suggestion du bouddha vivant 3e Changkya Hutuktu et fit construire le pavillon Yuhua sur la base d'un \\u00e9difice des Ming, \\u00e0 l'image de la salle Mandala dans le monast\\u00e8re de Tholing situ\\u00e9 dans la pr\\u00e9fecture tib\\u00e9taine de Ngari. D\\u00e8s lors, ce pavillon devint un temple du bouddhisme tantrique.<\\/p>
Vu de l'ext\\u00e9rieur, le pavillon Yuhua semble \\u00eatre un b\\u00e2timent construit sur trois niveaux, mais en r\\u00e9alit\\u00e9, quatre niveaux se superposent \\u00e0 l'int\\u00e9rieur. Cette construction est la seule parmi les monuments de la cour des Qing \\u00e0 combiner les styles architecturaux han et tib\\u00e9tain. Les niches des statues de Bouddha sur quatre \\u00e9tages repr\\u00e9sentent les quatre classes de tantras, \\u00e0 savoir le \\u00ab tantra de l'action \\u00bb, le \\u00ab tantra de la morale \\u00bb, le \\u00ab tantra yoga \\u00bb et le \\u00ab tantra yoga sup\\u00e9rieur \\u00bb.<\\/p>
\\u00ab Les reliques culturelles dans le pavillon Yuhua sont rest\\u00e9es \\u00e0 la place qu'elles occupaient sous la p\\u00e9riode allant du r\\u00e8gne de l'empereur Qianlong \\u00e0 celui de l'empereur Jiaqing (1796-1820) des Qing. La date des objets et leur emplacement ont \\u00e9t\\u00e9 enregistr\\u00e9s avec pr\\u00e9cision dans les archives du Palais imp\\u00e9rial \\u00bb, d\\u00e9clare Luo Wenhua, directeur de l'Institut sur le patrimoine culturel du bouddhisme tib\\u00e9tain au Palais imp\\u00e9rial.<\\/p>
Une fois ouverte, la porte vermillonn\\u00e9e laisse entrevoir d'abord une pagode en bois de santal rouge \\u00e0 l'entr\\u00e9e, avec en haut un panneau suspendu o\\u00f9 sont inscrits quatre caract\\u00e8res calligraphi\\u00e9s par l'empereur Qianlong en personne. D'apr\\u00e8s les explications de M. Luo, le pavillon est d\\u00e9cor\\u00e9 de trois mandalas en \\u00e9mail relevant du bouddhisme tantrique, ainsi que de nombreux objets pr\\u00e9cieux : statues de Bouddha en cuivre et en or, instruments rituels, pagodes en porcelaine, thangkas, etc. Certains d'entre eux, qui trouvent leurs origines au Tibet, en Inde ou au N\\u00e9pal \\u00e0 diverses \\u00e9poques, furent offerts aux empereurs des Qing par le Tibet et la Mongolie ; d'autres furent fabriqu\\u00e9s par le Bureau de la maison imp\\u00e9riale des Qing.<\\/p>
Les thangkas suspendus dans le pavillon Yuhua furent pour la plupart peints vers 1750. D'ordinaire, les rideaux du pavillon restent ferm\\u00e9s pour prot\\u00e9ger les thangkas des rayons du soleil mena\\u00e7ants. En soulevant le voile recouvrant un thangka, il est possible d'observer nettement, \\u00e0 la faible clart\\u00e9 d'une lampe de poche, les couleurs vives \\u00e9manant des pigments min\\u00e9raux. \\u00ab Ces thangkas centenaires ont toujours \\u00e9t\\u00e9 suspendus ici, et pourtant, leurs couleurs ne sont presque pas d\\u00e9lav\\u00e9es \\u00bb, se f\\u00e9licite M. Luo. Et d'ajouter que le Palais imp\\u00e9rial conserve 1 970 thangkas, dont la plupart furent r\\u00e9alis\\u00e9s par des artistes vivant sous le r\\u00e8gne de l'empereur Qianlong.<\\/p>
Des pi\\u00e9destaux r\\u00e9sistant aux secousses sismiques ont \\u00e9t\\u00e9 b\\u00e2tis pour pr\\u00e9senter les grandes pagodes en bois et en porcelaine. Et de nombreux autres vestiges culturels sont pr\\u00e9sents dans le pavillon Yuhua, \\u00e0 la m\\u00eame place que jadis. Cette multitude d'objets anciens est \\u00e0 vrai dire l'une des raisons pour lesquelles le pavillon n'est pas ouvert au public : les visiteurs risqueraient de toucher \\u00e7\\u00e0 et l\\u00e0 les reliques et de les ab\\u00eemer. N\\u00e9anmoins, le pavillon Yuhua a \\u00e9t\\u00e9 int\\u00e9gr\\u00e9 au projet de galerie num\\u00e9rique de la Cit\\u00e9 interdite. Prochainement, il sera donc possible d'admirer la collection au moyen d'un casque de r\\u00e9alit\\u00e9 virtuelle.<\\/p>
M. Luo conseille aux visiteurs qui veulent appr\\u00e9cier les richesses artistiques du bouddhisme tib\\u00e9tain pr\\u00e9serv\\u00e9es au Palais imp\\u00e9rial de visiter la salle Xianruo, dans le jardin du palais Cining. Cette salle d'exposition, qui vient de rouvrir ses portes apr\\u00e8s des travaux l'ann\\u00e9e derni\\u00e8re, a \\u00e9t\\u00e9 r\\u00e9nov\\u00e9e \\u00e0 l'image de son allure d'antan. Autrefois, c'est en ce lieu que venaient les imp\\u00e9ratrices et les concubines douairi\\u00e8res pour s'adonner \\u00e0 la pratique du bouddhisme.<\\/p>
La pr\\u00e9dominance du bouddhisme tib\\u00e9tain<\\/p>
Peut-\\u00eatre vous demandez-vous pourquoi les reliques culturelles du bouddhisme tib\\u00e9tain abondent ainsi dans le Palais imp\\u00e9rial ? Il faut savoir que ce monument a \\u00e9t\\u00e9 le t\\u00e9moin de l'apog\\u00e9e de cette religion en Chine.<\\/p>
La 10e ann\\u00e9e de son r\\u00e8gne (1653), l'empereur Shunzhi (1644-1661) re\\u00e7ut le 5e Dala\\u00ef, chef spirituel du lama\\u00efsme au Tibet, et lui accorda officiellement le titre de \\u00ab Dala\\u00ef Lama \\u00bb. En 1713, l'empereur Kangxi (1662-1722) conf\\u00e9ra au 5e Panchen le titre de \\u00ab Panchen Erdeni \\u00bb, de m\\u00eame qu'il reconnut officiellement les statuts politiques et religieux du Dala\\u00ef et du Panchen au Tibet. D\\u00e8s lors, le bouddhisme tib\\u00e9tain se d\\u00e9veloppa et les salles r\\u00e9serv\\u00e9es \\u00e0 la pratique bouddhique se multipli\\u00e8rent dans la Cit\\u00e9 interdite.<\\/p>
La 45e ann\\u00e9e du r\\u00e8gne de Qianlong, dans le cadre de la c\\u00e9l\\u00e9bration du 70e anniversaire de l'empereur, le 6e Panchen fut convi\\u00e9 au Palais imp\\u00e9rial. Le bouddhisme tib\\u00e9tain vivait alors ses derni\\u00e8res heures de gloire \\u00e0 la cour, car par la suite, avec la d\\u00e9cadence de la dynastie des Qing, il perdit progressivement son influence aupr\\u00e8s du pouvoir imp\\u00e9rial.<\\/p>
\\u00ab Quand l'empereur demeurait au Palais imp\\u00e9rial, t\\u00f4t le matin, il allait de temple en temple faire br\\u00fbler de l'encens, avant m\\u00eame de prendre son petit d\\u00e9jeuner dans le palais Qianqing, autrement dit, son bureau. C'est dire l'importance qu'avait cette section d\\u00e9di\\u00e9e \\u00e0 la pratique bouddhique \\u00bb, raconte M. Luo.<\\/p>
En marchant en direction du nord \\u00e0 partir du pavillon Yuhua et en traversant la porte Zhaofu, on arrive sur la petite place devant la salle Baohua, o\\u00f9 de grandes activit\\u00e9s bouddhiques \\u00e9taient organis\\u00e9es annuellement par la cour imp\\u00e9riale. Des banni\\u00e8res sacr\\u00e9es datant de l'\\u00e9poque des Qing y sont toujours accroch\\u00e9es. \\u00c0 la fin de chaque ann\\u00e9e, l'empereur venait participer \\u00e0 la \\u00ab chasse aux d\\u00e9mons \\u00bb, qui \\u00e9tait le rite bouddhique le plus important \\u00e0 la cour imp\\u00e9riale des Qing, dans le but de se d\\u00e9barrasser de la malchance. Ce jour-l\\u00e0, l'empereur \\u00e9tait assis aux c\\u00f4t\\u00e9s du grand Lama de la Mongolie du Nord de Gobi, du ma\\u00eetre Changkya Hutuktu de la Mongolie du Sud de Gobi, ainsi que du Dala\\u00ef ou du Panchen venu du Tibet, signe de la place privil\\u00e9gi\\u00e9e dont jouissait le bouddhisme tib\\u00e9tain sous la dynastie des Qing.<\\/p>
De nos jours, les vastes collections de tr\\u00e9sors du bouddhisme tib\\u00e9tain h\\u00e9berg\\u00e9es dans la Cit\\u00e9 interdite laissent encore para\\u00eetre toute la prosp\\u00e9rit\\u00e9 de cette religion \\u00e0 l'\\u00e9poque. Parmi les 42 000 objets religieux conserv\\u00e9s au Palais imp\\u00e9rial, 80 % sont associ\\u00e9s au bouddhisme tib\\u00e9tain.<\\/p>
Entre protection et \\u00e9changes<\\/p>
Dipl\\u00f4m\\u00e9 de l'universit\\u00e9 de Beijing en arch\\u00e9ologie depuis 1989, Luo Wenhua a poursuivi toute sa carri\\u00e8re au Mus\\u00e9e du Palais imp\\u00e9rial. Devenu un c\\u00e9l\\u00e8bre chercheur sp\\u00e9cialiste du bouddhisme tib\\u00e9tain, il parle aujourd'hui parfaitement l'anglais, mais conna\\u00eet aussi le tib\\u00e9tain, le sanskrit et l'allemand.<\\/p>
Abordant le th\\u00e8me de la protection du patrimoine, M. Luo exprime son inqui\\u00e9tude : \\u00ab \\u00c0 l'heure actuelle, les nombreuses reliques culturelles tib\\u00e9taines sont \\u00e9parpill\\u00e9es dans les diff\\u00e9rents temples. Mais faute de professionnels dans ce domaine, la plupart attendent encore d'\\u00eatre recens\\u00e9es et class\\u00e9es. La protection du patrimoine n'en est qu'\\u00e0 ses balbutiements. \\u00bb<\\/p>
Pour mieux pr\\u00e9server l'h\\u00e9ritage tib\\u00e9tain, le Mus\\u00e9e du Palais imp\\u00e9rial et le gouvernement de la r\\u00e9gion autonome du Tibet ont sign\\u00e9 l'ann\\u00e9e derni\\u00e8re un accord-cadre de coop\\u00e9ration en ce sens. D\\u00e9sormais, les deux parties collaborent dans la construction de mus\\u00e9es, la recherche et la publication li\\u00e9es aux collections, l'exposition des tr\\u00e9sors culturels, la protection et la restauration. Par ailleurs, elles r\\u00e9alisent, \\u00e9tape par \\u00e9tape, des \\u00e9tudes arch\\u00e9ologiques au Tibet. \\u00c0 titre d'exemple, des experts du mus\\u00e9e s'impliquent d\\u00e9j\\u00e0 dans un projet de classement et de conservation des reliques culturelles que renferme le monast\\u00e8re de Jokhang.<\\/p>
Une exposition intitul\\u00e9e \\u00ab \\u00c0 travers la Route de la Soie : sculptures Gupta et leurs homologues chinois de 400 \\u00e0 700 apr\\u00e8s notre \\u00e8re \\u00bb a eu lieu de fin septembre 2016 \\u00e0 d\\u00e9but janvier 2017, dans la galerie de la porte du M\\u00e9ridien du Palais imp\\u00e9rial. Luo Wenhua, commissaire ind\\u00e9pendant de cette exposition, s'est rendu \\u00e0 plusieurs reprises en Inde en vue d'organiser l'\\u00e9v\\u00e9nement, et a rapport\\u00e9 dans ses bagages une pile de livres sur le bouddhisme. \\u00c9voquant la coop\\u00e9ration avec l'Inde, il d\\u00e9clare avec \\u00e9motion : \\u00ab L'Inde est un pays dot\\u00e9 d'une longue histoire, riche en vestiges culturels et en monuments historiques. Par le pass\\u00e9, la Chine et l'Inde menaient des \\u00e9changes fr\\u00e9quents et s'influen\\u00e7aient l'une l'autre sur le plan culturel. Mais depuis les temps modernes, les deux nations se connaissent tr\\u00e8s peu mutuellement. \\u00bb Il estime que la Chine et l'Inde d'aujourd'hui devraient se rapprocher, \\u00eatre reconnaissantes l'une envers l'autre pour ces apports culturels et renforcer leurs \\u00e9changes.<\\/p>
Le patrimoine du bouddhisme tib\\u00e9tain est hautement appr\\u00e9ci\\u00e9 \\u00e0 l'\\u00e9tranger \\u00e9galement, poursuit M. Luo. Voil\\u00e0 plus de cent ans que l'Occident s'int\\u00e9resse \\u00e0 la tib\\u00e9tologie et aujourd'hui, les \\u00e9tudes sur la culture du bouddhisme tib\\u00e9tain, surtout celles centr\\u00e9es sur la r\\u00e9gion de l'Himalaya, donnent des r\\u00e9sultats fructueux aux \\u00c9tats-Unis, au Royaume-Uni, en France et en Allemagne. La Chine devrait donc affermir les \\u00e9changes internationaux en la mati\\u00e8re, conclut M. Luo.<\\/p>
Selon le conservateur du Mus\\u00e9e du Palais imp\\u00e9rial, Shan Jixiang, ceci est pr\\u00e9cis\\u00e9ment l'une des missions qu'entend relever le mus\\u00e9e. Ce lieu d'exposition compte en effet devenir un centre d'\\u00e9tudes sur la tib\\u00e9tologie en Chine, en mettant en valeur le patrimoine du bouddhisme tib\\u00e9tain et en approfondissant la coop\\u00e9ration et les \\u00e9changes avec ses homologues chinois et \\u00e9trangers.<\\/p><\\/section><\\/article>\",\"copyright\":{\"name\":\"2\",\"url\":\"\"},\"cover\":\"\",\"ctime\":1647431945693,\"editor\":{\"email\":\"wanglilan@huanqiu.com\",\"name\":\"\\u738b\\u8389\\u5170\"},\"ext-aid1712\":\"a-XCW69O5AA44FAB9B461585\",\"ext-xtime\":1491207423000,\"filter_by_search\":1,\"fingerprint\":{\"s0\":\"e7d0\",\"s1\":\"1e68\",\"s2\":\"f6f9\",\"s3\":\"6da2\"},\"flow\":\"fl0q28ung\",\"isdeleted\":false,\"keyboarder\":{\"email\":\"td@visitbeijing.com.cn\",\"name\":\"migrate\"},\"keywords\":[\"bouddhisme tib\\u00e9tain\",\"Palais imp\\u00e9rial\"],\"lang\":\"fr\",\"log\":[{\"action\":\"change user fields\",\"agent\":\"dpevcuno3d2\",\"data\":[{\"field\":\"state\",\"value\":\"0\"}],\"time\":1647871517495,\"user\":\"\"},{\"action\":\"change user fields\",\"agent\":\"cbevcuoc7ht\",\"data\":[{\"field\":\"step\",\"value\":\"\\\"l0q28kcm\\\"\"}],\"time\":1647871516531,\"user\":\"\"},{\"action\":\"create new version\",\"agent\":\"\",\"time\":1647871515450,\"user\":\"Data Migrate\"}],\"prever\":\"8xxjwk6h\",\"source\":{\"name\":\"\\u4eca\\u65e5\\u4e2d\\u56fd\",\"url\":\"\"},\"state\":5,\"step\":\"l0q28sml\",\"subtitle\":\"Le bouddhisme tib\\u00e9tain dans le Palais imp\\u00e9rial\",\"summary\":\"Vous pensiez avoir fait le tour de la Cit\\u00e9 interdite ? D\\u00e9trompez-vous : ce palais imp\\u00e9rial renferme des espaces d\\u00e9rob\\u00e9s \\u00e0 la vue. Notamment, la section conservant des tr\\u00e9sors du bouddhisme tib\\u00e9tain.\",\"tags\":[\"index\",\"5\",\"Voyage \\u00e0 Beijing\",\"Voyages th\\u00e9matiques\"],\"title\":\"\\u00c0 la d\\u00e9couverte du bouddhisme tib\\u00e9tain dans le Palais imp\\u00e9rial\",\"typedata\":{\"audio\":{\"members\":[]},\"gallery\":{\"members\":[{\"desc\":null,\"height\":0,\"id\":null,\"mime\":null,\"size\":0,\"url\":\"https:\\/\\/rs-ali.visitbeijing.com.cn\\/image\\/71af1c7cc3e9eed97f7361617fdbd8f6c0.jpeg\",\"width\":0},{\"desc\":null,\"height\":0,\"id\":null,\"mime\":null,\"size\":0,\"url\":\"https:\\/\\/rs-ali.visitbeijing.com.cn\\/image\\/f1fcc6061347f3dc1bcba54f9dd88b86c0.jpeg\",\"width\":0},{\"desc\":null,\"height\":0,\"id\":null,\"mime\":null,\"size\":0,\"url\":\"https:\\/\\/rs-ali.visitbeijing.com.cn\\/image\\/43a20772f89120b64d51591865158712c0.jpeg\",\"width\":0}]},\"video\":{\"members\":[]}},\"utime\":1647871515450,\"ver\":\"8y4tm2er\",\"verdead\":false,\"vflag\":\"3\",\"labels\":[],\"_cbevcuoc7ht_approval_operator\":[],\"_cbevcuoc7ht_approval_status\":0,\"_cbevcuoc7ht_approval_time\":0,\"_cbevcuoc7ht_approval_user\":[],\"_cbevcuoc7ht_sword\":\"\",\"ext-defertime\":0}";
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À la découverte du bouddhisme tibétain dans le Palais impérial
2017-04-03
Vous pensiez avoir fait le tour de la Cité interdite ? Détrompez-vous : ce palais impérial renferme des espaces dérobés à la vue. Notamment, la section conservant des trésors du bouddhisme tibétain, que nos journalistes vont vous présenter…
ZHANG XUE et LI YUAN, membres de la rédaction
La Cité interdite, palais où résidait l'empereur sous les dynasties des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911), incarne l'excellence de l'architecture impériale chinoise. Elle figure aussi parmi les complexes d'anciens bâtiments avec une structure en bois les plus vastes et les mieux conservés du monde. Chaque jour, les touristes, chinois comme étrangers, affluent en ce lieu. Pourtant, aujourd'hui, certaines sections ne sont pas encore ouvertes au public et conservent ainsi leur part de mystère.
Le mystérieux pavillon Yuhua
Dans le coin nord-ouest de la Cité interdite, se trouve une section unique entièrement composée de temples bouddhistes. Une dizaine de salles destinées à la pratique religieuse, avec la salle Zhongzheng au milieu, se succèdent du nord au sud et restent fermées aux visiteurs, dont le pavillon Yuhua et la salle Baohua.
Au cours de sa 14e année de règne (1749), l'empereur Qianlong (1736-1795) de la dynastie des Qing suivit la suggestion du bouddha vivant 3e Changkya Hutuktu et fit construire le pavillon Yuhua sur la base d'un édifice des Ming, à l'image de la salle Mandala dans le monastère de Tholing situé dans la préfecture tibétaine de Ngari. Dès lors, ce pavillon devint un temple du bouddhisme tantrique.
Vu de l'extérieur, le pavillon Yuhua semble être un bâtiment construit sur trois niveaux, mais en réalité, quatre niveaux se superposent à l'intérieur. Cette construction est la seule parmi les monuments de la cour des Qing à combiner les styles architecturaux han et tibétain. Les niches des statues de Bouddha sur quatre étages représentent les quatre classes de tantras, à savoir le « tantra de l'action », le « tantra de la morale », le « tantra yoga » et le « tantra yoga supérieur ».
« Les reliques culturelles dans le pavillon Yuhua sont restées à la place qu'elles occupaient sous la période allant du règne de l'empereur Qianlong à celui de l'empereur Jiaqing (1796-1820) des Qing. La date des objets et leur emplacement ont été enregistrés avec précision dans les archives du Palais impérial », déclare Luo Wenhua, directeur de l'Institut sur le patrimoine culturel du bouddhisme tibétain au Palais impérial.
Une fois ouverte, la porte vermillonnée laisse entrevoir d'abord une pagode en bois de santal rouge à l'entrée, avec en haut un panneau suspendu où sont inscrits quatre caractères calligraphiés par l'empereur Qianlong en personne. D'après les explications de M. Luo, le pavillon est décoré de trois mandalas en émail relevant du bouddhisme tantrique, ainsi que de nombreux objets précieux : statues de Bouddha en cuivre et en or, instruments rituels, pagodes en porcelaine, thangkas, etc. Certains d'entre eux, qui trouvent leurs origines au Tibet, en Inde ou au Népal à diverses époques, furent offerts aux empereurs des Qing par le Tibet et la Mongolie ; d'autres furent fabriqués par le Bureau de la maison impériale des Qing.
Les thangkas suspendus dans le pavillon Yuhua furent pour la plupart peints vers 1750. D'ordinaire, les rideaux du pavillon restent fermés pour protéger les thangkas des rayons du soleil menaçants. En soulevant le voile recouvrant un thangka, il est possible d'observer nettement, à la faible clarté d'une lampe de poche, les couleurs vives émanant des pigments minéraux. « Ces thangkas centenaires ont toujours été suspendus ici, et pourtant, leurs couleurs ne sont presque pas délavées », se félicite M. Luo. Et d'ajouter que le Palais impérial conserve 1 970 thangkas, dont la plupart furent réalisés par des artistes vivant sous le règne de l'empereur Qianlong.
Des piédestaux résistant aux secousses sismiques ont été bâtis pour présenter les grandes pagodes en bois et en porcelaine. Et de nombreux autres vestiges culturels sont présents dans le pavillon Yuhua, à la même place que jadis. Cette multitude d'objets anciens est à vrai dire l'une des raisons pour lesquelles le pavillon n'est pas ouvert au public : les visiteurs risqueraient de toucher çà et là les reliques et de les abîmer. Néanmoins, le pavillon Yuhua a été intégré au projet de galerie numérique de la Cité interdite. Prochainement, il sera donc possible d'admirer la collection au moyen d'un casque de réalité virtuelle.
M. Luo conseille aux visiteurs qui veulent apprécier les richesses artistiques du bouddhisme tibétain préservées au Palais impérial de visiter la salle Xianruo, dans le jardin du palais Cining. Cette salle d'exposition, qui vient de rouvrir ses portes après des travaux l'année dernière, a été rénovée à l'image de son allure d'antan. Autrefois, c'est en ce lieu que venaient les impératrices et les concubines douairières pour s'adonner à la pratique du bouddhisme.
La prédominance du bouddhisme tibétain
Peut-être vous demandez-vous pourquoi les reliques culturelles du bouddhisme tibétain abondent ainsi dans le Palais impérial ? Il faut savoir que ce monument a été le témoin de l'apogée de cette religion en Chine.
La 10e année de son règne (1653), l'empereur Shunzhi (1644-1661) reçut le 5e Dalaï, chef spirituel du lamaïsme au Tibet, et lui accorda officiellement le titre de « Dalaï Lama ». En 1713, l'empereur Kangxi (1662-1722) conféra au 5e Panchen le titre de « Panchen Erdeni », de même qu'il reconnut officiellement les statuts politiques et religieux du Dalaï et du Panchen au Tibet. Dès lors, le bouddhisme tibétain se développa et les salles réservées à la pratique bouddhique se multiplièrent dans la Cité interdite.
La 45e année du règne de Qianlong, dans le cadre de la célébration du 70e anniversaire de l'empereur, le 6e Panchen fut convié au Palais impérial. Le bouddhisme tibétain vivait alors ses dernières heures de gloire à la cour, car par la suite, avec la décadence de la dynastie des Qing, il perdit progressivement son influence auprès du pouvoir impérial.
« Quand l'empereur demeurait au Palais impérial, tôt le matin, il allait de temple en temple faire brûler de l'encens, avant même de prendre son petit déjeuner dans le palais Qianqing, autrement dit, son bureau. C'est dire l'importance qu'avait cette section dédiée à la pratique bouddhique », raconte M. Luo.
En marchant en direction du nord à partir du pavillon Yuhua et en traversant la porte Zhaofu, on arrive sur la petite place devant la salle Baohua, où de grandes activités bouddhiques étaient organisées annuellement par la cour impériale. Des bannières sacrées datant de l'époque des Qing y sont toujours accrochées. À la fin de chaque année, l'empereur venait participer à la « chasse aux démons », qui était le rite bouddhique le plus important à la cour impériale des Qing, dans le but de se débarrasser de la malchance. Ce jour-là, l'empereur était assis aux côtés du grand Lama de la Mongolie du Nord de Gobi, du maître Changkya Hutuktu de la Mongolie du Sud de Gobi, ainsi que du Dalaï ou du Panchen venu du Tibet, signe de la place privilégiée dont jouissait le bouddhisme tibétain sous la dynastie des Qing.
De nos jours, les vastes collections de trésors du bouddhisme tibétain hébergées dans la Cité interdite laissent encore paraître toute la prospérité de cette religion à l'époque. Parmi les 42 000 objets religieux conservés au Palais impérial, 80 % sont associés au bouddhisme tibétain.
Entre protection et échanges
Diplômé de l'université de Beijing en archéologie depuis 1989, Luo Wenhua a poursuivi toute sa carrière au Musée du Palais impérial. Devenu un célèbre chercheur spécialiste du bouddhisme tibétain, il parle aujourd'hui parfaitement l'anglais, mais connaît aussi le tibétain, le sanskrit et l'allemand.
Abordant le thème de la protection du patrimoine, M. Luo exprime son inquiétude : « À l'heure actuelle, les nombreuses reliques culturelles tibétaines sont éparpillées dans les différents temples. Mais faute de professionnels dans ce domaine, la plupart attendent encore d'être recensées et classées. La protection du patrimoine n'en est qu'à ses balbutiements. »
Pour mieux préserver l'héritage tibétain, le Musée du Palais impérial et le gouvernement de la région autonome du Tibet ont signé l'année dernière un accord-cadre de coopération en ce sens. Désormais, les deux parties collaborent dans la construction de musées, la recherche et la publication liées aux collections, l'exposition des trésors culturels, la protection et la restauration. Par ailleurs, elles réalisent, étape par étape, des études archéologiques au Tibet. À titre d'exemple, des experts du musée s'impliquent déjà dans un projet de classement et de conservation des reliques culturelles que renferme le monastère de Jokhang.
Une exposition intitulée « À travers la Route de la Soie : sculptures Gupta et leurs homologues chinois de 400 à 700 après notre ère » a eu lieu de fin septembre 2016 à début janvier 2017, dans la galerie de la porte du Méridien du Palais impérial. Luo Wenhua, commissaire indépendant de cette exposition, s'est rendu à plusieurs reprises en Inde en vue d'organiser l'événement, et a rapporté dans ses bagages une pile de livres sur le bouddhisme. Évoquant la coopération avec l'Inde, il déclare avec émotion : « L'Inde est un pays doté d'une longue histoire, riche en vestiges culturels et en monuments historiques. Par le passé, la Chine et l'Inde menaient des échanges fréquents et s'influençaient l'une l'autre sur le plan culturel. Mais depuis les temps modernes, les deux nations se connaissent très peu mutuellement. » Il estime que la Chine et l'Inde d'aujourd'hui devraient se rapprocher, être reconnaissantes l'une envers l'autre pour ces apports culturels et renforcer leurs échanges.
Le patrimoine du bouddhisme tibétain est hautement apprécié à l'étranger également, poursuit M. Luo. Voilà plus de cent ans que l'Occident s'intéresse à la tibétologie et aujourd'hui, les études sur la culture du bouddhisme tibétain, surtout celles centrées sur la région de l'Himalaya, donnent des résultats fructueux aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France et en Allemagne. La Chine devrait donc affermir les échanges internationaux en la matière, conclut M. Luo.
Selon le conservateur du Musée du Palais impérial, Shan Jixiang, ceci est précisément l'une des missions qu'entend relever le musée. Ce lieu d'exposition compte en effet devenir un centre d'études sur la tibétologie en Chine, en mettant en valeur le patrimoine du bouddhisme tibétain et en approfondissant la coopération et les échanges avec ses homologues chinois et étrangers.