Un modèle de développement

2021-09-18

Les mesures que le Parti communiste chinois (PCC) prend me paraissent être un modèle, elles ont un fort impact, car il s’agit de mesures claires. On pourrait le résumer autrement : je dirais que les politiques (qu’il s’agisse d’un maire, d’un gouverneur, d’un secrétaire du Parti…) en Chine sont des businessmans. Ils ont des objectifs économiques et stratégiques, voire industriels, et quand vous discutez avec eux, vous êtes automatiquement dans cette logique. Je trouve qu’en fin de compte, c’est une façon d’impliquer les fonctions régaliennes et politiques dans le développement de leur pays. Je pense que le PCC a cette capacité de faire un plan quinquennal, que d’ailleurs il revisite régulièrement ; il ne s’interdit pas de le transformer s’il y a des erreurs. C’est très positif. Et surtout, chaque province décline ses propres objectifs. Par exemple, les politiques se demandent : « Dans ma province, quelles vont être mes priorités ? Priorités industrielles ? Priorités de développement universitaires ? Priorités de développement des villes ? » Cette dynamique amène beaucoup de nouveaux emplois et a pour conséquence que l’ensemble de la population est « embarqué » avec eux.

J’ajoute que la Chine a fait beaucoup d’efforts pour devenir un modèle de normalité internationale, pour être sur le même pied que les autres grands pays occidentaux en ce qui concerne les règles et le respect des lois, en particulier sur la propriété intellectuelle. Ce n’est pas encore parfait, mais il y a beaucoup de progrès, il y a une volonté et des règles affichées de faire en sorte que ce soit respecté.

Le développement de Dassault Système a été fondamentalement stratégique, pas simplement pour Dassault Systèmes, mais, je pense, également pour la relation franco-chinoise. Nous sommes leader dans le domaine des nouvelles technologies et la Chine a aussi besoin de se développer au niveau technologique, elle a besoin d’acteurs comme Dassault Systèmes. Je dirais que le développement industriel, commercial et stratégique de la Chine est en adéquation avec Dassault Systèmes ou, si vous préférez, que Dassault Systèmes est en adéquation avec cette dynamique de développement.

Quand je venais en Chine il y a 10 ans, la seule chose qui intéressait les industriels chinois et les provinces chinoises, c’était de connaître les références dans le monde. Dix ans plus tard, c’est l’inverse : la Chine a ses propres références et certains secteurs industriels deviennent même des références pour des entreprises européennes, américaines et dans le monde. Sur ce laps de temps, on a assisté à un basculement très clair vers une Chine qui se veut effectivement innovante. Elle n’est plus simplement l’atelier du monde – elle l’est peut-être de moins en moins d’ailleurs – mais de plus en plus une plateforme d’innovation du monde.

*Auteur:SYLVAIN LAURENT est vice-président exécutif de Dassault Systèmes (3DS).

La Chine au présent


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