Beijing, dix ans après les Jeux olympiques

2018-11-06

L'« héritage » désigne ce qu'on laisse ou que l'on transmet à nos successeurs, que ce soit matériel ou immatériel. Cela comprend notamment l'héritage familial ou la dot ainsi que la fortune. Ceux qui reçoivent cet héritage ont non seulement un devoir de reconnaissance, mais aussi de respect envers leurs pairs qui ont œuvré pour leur transmettre ce legs. La Chine, et plus particulièrement Beijing, n'ont pas manqué de remplir ce devoir de reconnaissance en se remémorant, le 8 août dernier, les Jeux olympiques organisés dans la capitale chinoise il y a 10 ans. Des Jeux qui ont marqué un jalon dans l'histoire olympique, mais aussi un nouveau tournant dans l'histoire millénaire du peuple chinois.

Le mouvement olympique doit énormément aux JO de Beijing. L'organisation a choisi de lancer la cérémonie d'inauguration le 8 août 2008 à 20 h. Toute la planète a pu en déduire que le chiffre huit est un chiffre porte-bonheur pour le peuple chinois et cela s'est confirmé dès le début de la cérémonie d'ouverture qui était probablement la plus spectaculaire depuis la naissance des JO. Véritable prouesse visuelle et sonore, ce spectacle, orchestré par le cinéaste Zhang Yimou, a été l'occasion pour la Chine de présenter la richesse de ses 5 000 ans d'histoire tout en souhaitant la bienvenue aux délégations venues du monde entier. Des milliards de spectateurs médusés qui ont suivi la cérémonie en direct du monde entier ont pu découvrir les secrets si longtemps bien gardés de ce grand pays d'Asie. La cérémonie s'est conclue sur l'image de Li Ning, grande légende de la gymnastique chinoise, survolant les hauteurs du Stade national de Beijing, également connu sous le nom de « Nid d'oiseau ».

Les JO de tous les records

D'un point de vue sportif, peu d'autres JO tiennent la comparaison avec ceux de Beijing tant les prouesses réalisées ont été spectaculaires. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Au cours de ce mois d'août 2008, plus de 40 records mondiaux et plus de 130 records olympiques ont été battus, des chiffres à faire pâlir les JO de Londres 2012 qui ont affiché 34 records mondiaux ainsi que ceux de Rio de Janeiro 2016 qui en ont affiché 27.

Les JO de Beijing ont par ailleurs vu naître des légendes que nous ne sommes pas prêts d'oublier. Le nageur américain Michael Phelps, en décrochant huit médailles d'or dans la piscine du Cube d'eau, a signé une performance qui ne sera peut-être jamais dépassée, quant aux prouesses du coureur cycliste jamaïcain Usain Bolt, elles ont ébranlé toutes nos notions sur la capacité de l'être humain à défier le chronomètre.

Pour sa part, le peuple chinois a eu de quoi être fier de ses athlètes auxquels il a apporté un soutien sans faille ; les gradins des différentes enceintes de la compétition n'ont jamais désempli. Le Comité d'organisation avait promis des jeux populaires et le prix des places est resté abordable à tous les budgets. Les supporters chinois ont répondu en masse au cri de jiayou (Allez-y !) et ont porté en triomphe leurs athlètes qui ont réalisé les meilleures performances de l'histoire du pays. Depuis lors, la Chine compte au nombre des grandes puissances sportives.

Tout ce qui précède constitue un héritage inoubliable. Pour l'occasion, et aussi pour permettre aux nouvelles générations qui n'auront pas vécu l'événement de se faire une idée de son importance, la presse chinoise et la presse internationale ont présenté en ce début de mois d'août une pléiade d'images d'anthologie pour immortaliser ces Jeux qui ont ravivé l'esprit olympique et la passion du sport.

Métamorphose urbaine

Mais les choses ne s'arrêtent pas là ! Et les habitants de Beijing sont bien placés pour le savoir car ils ont assisté en direct à la plus importante métamorphose qu'une ville ait jamais connue en temps de paix. Preuve en est : la poignée d'édifices emblématiques, dessinés par des architectes parmi les plus renommés de la planète, qui ont transformé à jamais le skyline de la capitale. Citons, entre autres, le Stade national de Beijing, œuvre des architectes suisses Jacques Herzog et Pierre de Meuron ; le siège de CCTV, la télévision nationale de Chine, dessiné par l'architecte hollandais Rem Koolhaas ; le Grand Théâtre national de Chine, imaginé par l'architecte français Paul Andreu ; ou encore le terminal 3 de l'aéroport international de la capitale de Beijing, construit d'après des plans de l'architecte britannique Norman Foster.

Des édifices qui sont tous accessibles en métro. Car si avant les JO, Beijing ne possédait que deux lignes dont la construction remontait au temps du président Mao Zedong, la ville déploie aujourd'hui le plus grand réseau de métro au monde. Cette fièvre de construction, qui ne s'est pas essoufflée, a fait de la capitale chinoise une ville moderne, cosmopolite et avant-gardiste. Cela constitue sans aucun doute un autre aspect du grand héritage des JO de Beijing. On dit souvent que la Chine a saisi l'occasion des JO pour se présenter au monde comme un nouveau pays, plus ouvert, plus international, et prêt à s'engager pour le devenir de la planète. Et tous les analystes semblent d'accord pour dire que cette entrée en scène n'aurait pas pu être plus réussie.

Installations olympiques

Comme cela arrive souvent à l'approche d'une date anniversaire telle que celle dont il est question ici, des critiques n'ont pas manqué de signaler au cours de ce mois d'août la détérioration de certaines des installations olympiques très onéreuses qui avaient été construites par la ville à l'occasion des JO. Certes, un certain nombre de ces installations, trop peu utilisées, sont victimes du passage du temps, mais en général, il s'agit là d'installations qui n'étaient pas destinées à perdurer. Car qui aurait espéré, dans une ville qui est, trois ou quatre mois par an, soit absolument glaciale, soit terriblement chaude et humide, voir le volleyball de plage devenir un sport populaire ?

Mais pour le reste, Beijing a largement su tirer profit de ses installations les plus coûteuses. Le Nid d'oiseau, par exemple, a abrité plus de 500 événements depuis la clôture des JO, entre autres des Championnats du monde d'athlétisme, des matchs de la Fédération italienne de football et des matchs amicaux de la Premier League, et même des concerts. Il est par ailleurs devenu un site touristique de premier ordre et a reçu, depuis son ouverture au public, plus de 35 millions de visiteurs. Également situé dans le Parc olympique, le Cube d'eau est aujourd'hui accessible au grand public et chacun peut profiter du parc aquatique qu'il renferme. Le Centre de tennis du Parc olympique de Beijing abrite aujourd'hui le siège de l'Open de Chine, tournoi qui figure sur la liste des Masters 1 000 de l'ATP, et le Centre sportif de Wukesong, où se sont affrontés les États-Unis et l'Espagne lors de la finale olympique du basket-ball, héberge aujourd'hui des événements en tous genres, culturels ou sportifs, notamment des combats de l'UFC.

Horizon Beijing 2022

Enfin, ces enceintes sportives retrouveront du service à l'occasion des JO d'hiver qui auront lieu dans quatre ans, à Beijing. La capitale chinoise deviendra alors la seule ville au monde à organiser à la fois des JO d'été et des JO d'hiver.

Les cérémonies d'ouverture et de clôture des JO d'hiver devraient à nouveau se dérouler dans le Nid d'oiseau. Le Cube d'eau sera reconverti temporairement pour accueillir les épreuves de curling. Ainsi, grâce aux infrastructures héritées des JO de Beijing 2008, les coûts des JO d'hiver 2022 seront considérablement réduits. Et avec ces Jeux, la Chine aspire bien entendu à un succès aussi retentissant que celui de 2008 afin de perpétuer un héritage qui fait désormais partie de l'histoire contemporaine du géant asiatique et de sa capitale.

chinatoday


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