Tourisme sportif : la Chine met le turbo

2017-06-26

Au sol, sur l'eau ou dans les airs, la pratique sportive de loisir propulse un secteur d'activité dont le potentiel se compte en milliards de dollars.

Zhao Manli a récemment claqué l'équivalent de 400 dollars, un montant sensiblement égal à son salaire hebdomadaire, pour une balade de deux heures en hélicoptère au départ de Cairns, dans le Queensland (nord-ouest de l'Australie), qui lui a notamment offert pendant 30 minutes une vue plongeante sur la Grande Barrière de corail.

Manli, 29 ans, directrice de projet dans une école de langues à Shanghai, dit que ces deux heures lui ont procuré des sensations fortes et le sentiment de vivre une aventure ou de réaliser une prouesse qui valaient bien l'argent dépensé. « Je n'avais jamais pensé que j'oserais monter en hélicoptère mais je suis heureuse de l'avoir fait… J'aimerais beaucoup faire ce genre de chose en Chine aussi ».

Son souhait a une bonne chance d'être exaucé car le tourisme sportif, où l'accent est mis sur la découverte, les activités de plein air et la forme physique, commence à décoller en Chine où il devrait rapporter des milliards de dollars en revenus annuels.

Le développement de ce type de tourisme fait partie des objectifs que les hauts responsables ont définis en décembre dernier dans le cadre d'un plan de relance de l'économie.

À l'horizon 2020, le gouvernement mise sur un milliard de séjours touristiques sportifs chaque année en Chine, nombre de réservations devant être réalisées par une centaine d'agences spécialisées dont on espère la création pour offrir au moins 100 nouvelles activités en matière de tourisme sportif. On prévoit par ailleurs la mise en œuvre de 100 autres projets visant à promouvoir la santé dans le cadre d'activités telles que la marche, le jogging et le vélo trial.

Les infrastructures permettant d'atteindre l'ensemble de ces objectifs sont les suivantes : 100 « bases de démonstration touristique » construites à cet effet ; 2 000 centres offrant des activités aériennes telles que le parachutisme, le vol en ballon et en hélicoptère ; 1 000 clubs destinés à la popularisation de sports nautiques comme le canoë-kayak ; et 500 kilomètres de sentiers de randonnée dans la chaîne des monts Taihang qui traversent Pékin, le Hebei, le Shanxi et le Henan.

Les objectifs de recettes sont ambitieux : 200 milliards de yuan (27 milliards d'euros) provenant des sports aériens sur cinq ans jusqu'en 2020, 300 milliards de yuan (40,8 milliards d'euros) des sports nautiques et 400 milliards de yuan (54,4 milliards d'euros) des sports de montagne et de plein air.

La réalisation de tels objectifs passe par la mise du turbo sur le moteur de la croissance du secteur. En 2015, ce dernier n'a représenté que 207 milliards de yuan sur des recettes touristiques nationales de 4,13 milliards de milliards de yuan, selon les autorités.

Cependant, une note de recherche de l'agence Ping An Securities indique que le tourisme sportif est l'un des secteurs affichant la plus forte croissance dans une économie chinoise alimentée par la consommation, grâce à la progression de la prospérité, l'augmentation des revenus disponibles et une prise de conscience grandissante des liens entre la santé physique et la santé mentale.

Selon une circulaire du Conseil des Affaires de l'État, le but recherché est d'accroître la part du tourisme sportif dans le produit intérieur brut, pour la faire passer de 0,5% en 2015 à 5% en 2025, où ce secteur d'activité se chiffrerait à 5 milliards de milliards de yuan.

Les analystes estiment que la seule action politique, aussi utile soit-elle au développement du secteur, ne suffira pas. Selon eux, il convient de lever des capitaux sur les marchés financiers et d'investir dans l'image de marque ainsi que l'élaboration de propriétés intellectuelles liées aux activités, aux manifestations et aux installations sportives.

« Les responsables encouragent le développement du secteur des sports et du tourisme sportif à peu près de la même façon qu'ils soutenaient les technologies de l'information et de la communication il y a 30 ans », commente Wei Jinglei, directeur général de Sina Sports, une division de l'un des principaux portails Web en Chine, Sina. « En 1986, les TIC représentaient 0,75% du PIB de la Chine, et en 1986, 5,25% ».

Pour M. Wei, le nouveau paysage qui se dessine offre aux activités, manifestations et compétitions sur le marché chinois de plus grandes possibilités d'atteindre une classe mondiale et de devenir internationalement commercialisables.

Les sociétés qui ont beaucoup investi dans les activités de plein air et les manifestations sportives considèrent le sport et le tourisme sportif non comme des créneaux réservés à un petit groupe de personnes mais comme des produits grand public.

L'an dernier a vu l'ouverture du parc Discovery Adventures de Moganshan, dans la province du Zhejiang, qui dispense une formation de plusieurs niveaux à la survie en pleine nature, en offrant des activités au sommet de ce qui est censé être le plus grand mur d'escalade rocheux de Chine : leçons de vélo de montagne, itinéraires pédestres, épreuves d'obstacles, etc.

Il s'agit là d'un projet de 400 millions de yuan réalisé par Apax Group, un promoteur dont le directeur général, Terence Chu, dit qu'il est prévu d'ouvrir 80 autres parcs semblables au cours des dix prochaines années en Chine et ailleurs en Asie.Sun Haibing, propriétaire de Kayak Bike Run, un club d'activités de plein air dans la banlieue de Pékin, affirme que l'image que se font les gens de ces activités et du tourisme sportif en général a beaucoup changé et que cette évolution alimentera la croissance du secteur. « Les gens avaient l'habitude de penser que le canoë-kayak en rivière ou le vélo de montagne étaient dangereux et impliquaient des aptitudes de niveau professionnel nécessitant un entraînement intensif, mais aujourd'hui, même les élèves d'école primaire fréquentent notre parc pour acquérir ces compétences ».

中国日报网


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